Les conditions de vie et les trajectoires résidentielles des jeunes en France révèlent un paradoxe : l’autonomie demeure un horizon largement désiré, mais son accès est de plus en plus contraint. Selon le baromètre DJEPVA 2025, près d’un jeune sur deux (45%) vit dans son propre logement, tandis que quatre sur dix résident encore dans la famille. Ces parcours résidentiels sont rarement linéaires : beaucoup connaissent des allers-retours entre indépendance et retour chez les parents, le plus souvent en raison des études ou de ruptures amoureuses. L’accès à un logement autonome se heurte à des obstacles multiples : loyers élevés, précarité professionnelle, faibles ressources et pénurie de logements sociaux. Les jeunes locataires occupent souvent de petites surfaces, mal isolées, parfois dégradées. Les dépenses liées au logement pèsent lourdement sur leurs budgets : plus d’un sur deux estime qu’elles sont trop importantes, en particulier les femmes, les étudiants et les jeunes chômeurs. Ces contraintes nourrissent des inégalités durables entre catégories sociales et entre territoires.
Les discriminations s’ajoutent aux difficultés économiques : près d’un jeune sur deux déclare avoir subi un traitement inégalitaire dans sa recherche de logement, principalement en raison de l’âge, de l’apparence ou de l’origine. Face à ces obstacles, le rôle de l’entourage demeure essentiel : deux jeunes sur dix ont trouvé leur logement grâce à leurs proches, et bon nombre ont reçu une aide financière pour leur logement, un soutien plus fréquent dans les familles favorisées.
Malgré tout, les jeunes gardent des aspirations claires : la majorité rêve d’une maison individuelle et souhaite devenir propriétaire, symbole de stabilité et de réussite. S’ils restent attirés par les grandes villes et ouverts à la mobilité, leur idéal résidentiel combine autonomie, sécurité et qualité de vie. Le logement apparaît ainsi comme un enjeu central d’émancipation, mais aussi comme un révélateur des fractures économiques et sociales qui traversent la jeunesse française.
Source : INJEP
Publication : NOTES & RAPPORTS, 2025/18