Petite enfance : de l’éducation à la scolarisation

Source : IFE
Publication : Dossier de veille, n°92
Date : avril 2014
La question de l’accueil et de l’éducation des enfants de zéro à six ans est une des grandes préoccupations des gouvernements des pays de l’OCDE depuis une vingtaine d’années. L’idée selon laquelle une scolarisation précoce serait bénéfique pour leur développement et leur futur parcours scolaire est largement répandue et la question du «tout éducatif» est de plus en plus prégnante au sein des structures d’enseignement préscolaire dans les pays de l’OCDE : les tout-petits passent plus de temps à être instruits et évalués sur leurs compétences qu’à jouer, explorer et imaginer. Plusieurs recherches s’interrogent sur le bien-fondé de ces orientations. En France, nous assistons à une « primarisation » de l’école maternelle et à une didactisation des savoirs. Ouverte à tous sans autre condition que celle de l’âge, elle assure les apprentissages liés au développement moteur et affectif selon des programmes définis au niveau du ministère de l’éducation nationale. Aujourd’hui sujette à de vives critiques, on lui reproche de ne pas profiter à tous les enfants de manière équitable et de contribuer au creusement d’écart entre enfants socio-économiquement favorisés et les autres. Au vu des constats sur les écarts initiaux entre élèves principalement dus aux origines sociales de ceux-ci, le modèle éducatif de l’école maternelle basée sur l’autonomie et la réflexivité supposées des élèves risque de creuser plus avant les inégalités. Ce dossier a souhaité placer l’enfant au cœur de ces préoccupations afin de mieux comprendre les enjeux politiques, sociologiques et pédagogiques qui lui sont rattachés. Sont réfléchis la place du jeune enfant de zéro à six ans, à cette période qui précède l’instruction obligatoire dans la plupart des pays de l’OCDE, et les bénéfices que cela peut lui apporter. Sont aussi regardées les conditions favorables aux apprentissages et au développement global de l’enfant.