Quel accueil pour le jeune enfant en situation de pauvreté ?

En 2004, le rapport Les enfants pauvres en France. Rapport no 4 du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) indiquait qu’«environ un million d’enfants de moins de 18 ans, soit près de 8% de l’ensemble, vivaient en 1999 en dessous du seuil de pauvreté monétaire de 560 euros». Le seuil retenu ici était égal à 50% du niveau de vie médian, soit le niveau qui partage la population en deux groupes de taille égale. Ce chiffre aurait été deux fois plus élevé si l’on retenait le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, comme le préconise l’Office statistique des Communautés européennes. Au-delà de l’aspect quantitatif, le rapport mettait en exergue l’insuffisance des poli- tiques menées jusqu’à présent : notamment celle de l’emploi qui apparaît être le principal facteur de la pauvreté observée en France, en particulier pour les familles avec enfants ; celle de l’aide à accorder aux familles afin de concilier au mieux vie professionnelle et vie familiale ; sans oublier celle de « l’intégration de la main-d’œuvre d’origine étrangère dans la société et le marché du travail ». Il mettait en exergue les caractéristiques des familles pauvres : insuf-fisance d’emploi dans les ménages, immigration, monoparentalité…, examinait également les conditions de vie des enfants pauvres et mettait l’accent sur les conséquences à long terme de la pauvreté sur le devenir des enfants, notamment dans le domaine de l’accès à l’éducation. Ce rapport soulignait, entre autres, que les enfants en situation de pauvreté connaissent des difficultés scolaires nettement plus fortes que le reste de la population scolarisée. Ces difficultés se forment en grande partie dès le primaire et se traduisent par des sorties précoces du système éducatif, le plus souvent sans diplôme, ce qui augmente le risque de pauvreté future. Le rapport soulignait qu’en France « la pauvreté des enfants n’a pas fait l’objet d’un examen attentif. L’observation, au travers de la statistique publique, est loin d’être systématique et les résultats sont très dispersés. L’analyse des causes ou des conséquences des situations de pauvreté des enfants est encore plus lacunaire ». Il concluait sur la nécessité d’une meilleure connaissance des processus de paupérisation et de leurs effets à long terme, d’où l’exigence de mettre en place un programme national d’observations et de recherches, ce qui suppose une évaluation périodique des politiques mises en place.

Source : Cnaf, avril 2021