Les discriminations en raison du genre et de l’origine supposée sur deux plateformes collaboratives

L’étude, confiée à des chercheurs du Laboratoire Interdisciplinaire d’Évaluation des Politiques Publiques (LIEPP), met en lumière des discriminations entre particuliers utilisateurs de deux grandes plateformes françaises : BlaBlaCar et Leboncoin.

Cette recherche constitue une étape importante dans l’étude des discriminations entre usagers des plateformes numériques en France. Premier aspect novateur : elle s’intéresse à la fois aux discriminations produites côté offre (ici les vendeurs et conducteurs) et à celles produites côté demande (ici les acheteurs et passagers). Elle repose aussi sur une méthodologie originale en combinant pour la première fois deux approches complémentaires : l’observation par la récolte automatique des données réalisée sur les plateformes (scraping) et l’expérimentation à partir de profils fictifs (testing).

Une discrimination envers les offreurs comme les demandeurs

Sur BlablaCar, premier site de co-voiturage, l’étude observe que les conducteurs d’origine minoritaire (dans l’étude, conducteurs ayant un prénom à consonance maghrébine ou africaine) accueillent moins de passagers dans leur véhicule et touchent un revenu plus faible de 15 % en moyenne par voyage, par rapport aux autres conducteurs pour des trajets équivalents.

Dans le testing, les profils fictifs de passagers d’origine minoritaire ont une probabilité plus faible (d’environ 4 points de pourcentage) de recevoir une réponse lorsqu’ils font une demande d’information auprès d’un conducteur. Une différence selon le genre est également constatée : les profils de conductrices ont une probabilité plus élevée de recevoir des messages (+0,6 messages) et des réservations (+0,7 réservations) que les conducteurs.

Source : Défenseur des droits
Publication : Éclairages, mars 2023